Aller au contenu

Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
DE LA NOUVELLE-FRANCE

Québec, il rencontra le P. Frémin et lui cria en l’embrassant : « Mon Père, je suis le plus malheureux gentilhomme du monde, et c’est vous autres qui êtes la cause de mon malheur. » Le 17 mars, il arriva à Québec et fit part de ses prétendus griefs à M. de Tracy et à M. Talon. Ce dernier en reçut, paraît-il, une impression fâcheuse contre les Jésuites. Mais M. de Tracy, plus impartial, reconnut sans peine que l’accusation ne pouvait soutenir l’examen, et ramena M. de Courcelle à des sentiments plus équitables. Les éloges qu’il lui fit sur son courage et sa vaillance contribuèrent à le pacifier[1].

La triste issue de cette expédition contenait une leçon à l’adresse des chefs militaires de la Nouvelle-France. Elle leur démontrait qu’on ne pouvait faire ici la guerre comme en Europe, mais qu’il fallait tenir compte du climat et des conditions spéciales du pays. Malheureusement cette leçon et d’autres du même genre ne furent pas toujours suffisamment comprises.

La campagne d’hiver de M. de Courcelle ne fut pourtant pas absolument sans résultat. Elle apprit aux Iroquois que ni la distance, ni les forêts épaisses, ni les rivières et les lacs profonds, ni l’inclémence des saisons et l’hostilité des éléments, ne pouvaient empêcher les vaillants soldats de la Nouvelle-France d’aller porter

  1. — Pour cette expédition de M. de Courcelle, dans l’hiver de 1666, il faut consulter le Journal des Jésuites, pages 340 à 342, les Relations des Jésuites, 1666, pp. 6 et 7, l’Histoire du Montréal, par Dollier de Casson, Montréal, 1869, pp. 180, 181, la Relation of the march of the governor of Canada. Il y a quelque confusion dans Charlevoix par rapport aux expéditions de 1666.