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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/134

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JEAN TALON, INTENDANT

osé espérer de voir une si grande magnificence dans l’Église du Canada, où quand je suis venue je n’avais rien vu que d’inculte et de barbare »[1]. C’est le 29 août 1666 que les rues de Québec virent ce grand déploiement de pompe religieuse. Le 31 mai avait eu lieu la pose de la première pierre de l’église des Jésuites : « Mgr de Tracy, lisons-nous dans le Journal, met la première pierre, et de son avis, Monsieur le gouverneur la première de la première chapelle, Monsieur l’Intendant la première de la deuxième chapelle, Monsieur le Barroys la première pierre du portail. » Quelques semaines auparavant, Mgr de Laval avait fait la dédicace de l’église paroissiale avec beaucoup d’éclat. Ces manifestations de la foi publique, ces fêtes que le concours des autorités ecclésiastiques et civiles entourait de tant de splendeur, réjouissaient la population déshabituée de ces spectacles, et devaient frapper d’un étonnement admiratif les représentants des diverses tribus sauvages, dont un grand nombre étaient alors à Québec.

Parmi ces derniers se trouvaient le Bâtard Flamand et plusieurs autres chefs agniers et onneyouts venus, on s’en rappelle, pour solliciter la paix. Il fallait prendre une décision. Devait-on enterrer la hache de guerre ou la brandir encore une fois pour frapper un coup décisif et final ? Les chefs de la colonie délibérèrent assez longuement. M. Talon soumit à MM. de Tracy et de Courcelle un mémoire sous forme de discussion dans lequel étaient exposées tour à tour les raisons pour la guerre et pour la paix. « Supposé, disait l’intendant,

  1. Les Ursulines de Québec, vol. I, p. 278. — Dans l’église des Ursulines le plancher céda au poids de la foule et s’effondra. Heureusement personne ne fut blessé.