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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/161

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JEAN TALON, INTENDANT

dans les secours que le roi y peut donner, qui, dans la conjoncture présente où Sa Majesté s’est engagée à soutenir une grande guerre contre les Anglais, qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pas encore attaqués par mer, les forces de cette nation ayant toujours paru formidables sur cet élément à toutes les autres, ne seraient pas aussi considérables que si elle était dans une parfaite tranquillité au dehors comme elle est au dedans de ses états, de sorte qu’il vous faut réduire et compter principalement sur ce que vous pouvez faire pour les denrées et les matières que le pays fournit maintenant avec assez d’abondance ; comme en empêchant de tuer les agneaux, pаr un arrêt du conseil souverain, et même les femelles de chaque espèce d’animaux, pour les multiplier en moins de temps, parce qu’il est certain que quand le Canada sera rempli d’une grande quantité de bêtes à laine et à cornes, on pourra par le moyen de leur dépouille et de leur peau, manufacturer des draps et autres étoffes et des cuirs que l’on convertira en divers usages, à la commodité et à l’avantage des habitants. » Colbert recommandait aussi la culture du chanvre, qui, au bout de quelques années, pouvait amener l’établissement d’une manufacture de toile.

L’exploitation des forêts et la perspective de tirer du Canada des bois propres à la construction des navires, c’était là pour Colbert un sujet du plus haut intérêt. À ce moment même il déployait une activité extraordinaire pour fonder la puissance maritime de notre ancienne mère patrie, et pour doter la France d’une flotte capable de faire respecter son pavillon sur toutes les mers. Il faisait acheter des navires en Hollande, il en commandait en Suède, il créait des chantiers de con-