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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/189

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JEAN TALON, INTENDANT

le clergé de Québec. Et c’était sans aucun doute ces derniers qu’il désignait dans les deux lignes illisibles du document plus haut reproduit.

Telles étaient l’influence et l’autorité de Talon que les conseillers n’osèrent résister. M. de Tracy lui-même qui, au fond du cœur, devait trouver cette démarche insolite, garda le silence. Le conseil fit enregistrer l’écrit de l’intendant ; et, de plus, afin de vaquer aux informations, il nomma les sieurs de Villeray et de Tilly pour « ce fait et rapporté être ordonné ce que de raison[1]. » Quelques jours plus tard, les deux commissaires soumettaient leur rapport au sujet « de quelques assemblées qui se sont tenues dans les derniers jours du carnaval dernier passé ; » et, suivant les termes du plumitif, « ne s’étant trouvé aucunes charges ou dépositions qui pussent donner lieu de condamner les dites assemblées, » le Conseil ordonna que la minute originale de ces informations fût mise entre les mains de l’intendant, « sans que d’icelle on puisse prendre occasion de blâmer de pareilles assemblées[2]. »

Talon s’était incontestablement emballé. N’en déplaise à son illustre mémoire, la direction de la société Sainte-Famille de Québec ne le concernait en aucune façon. C’était lui qui empiétait quand il voulait à ce propos faire la leçon à Mgr de Laval. Si les statuts de cette confrérie interdisaient certains divertissements aux dames qui en devenaient membres, afin de mieux pratiquer la perfection chrétienne, et si elles violaient ces règlements, l’évêque ou le directeur de la société avaient

  1. Jugements du Conseil Souverain, vol. I, p. 384.
  2. Jugements du Conseil Souverain, vol. I, p. 449.