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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/223

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

De leur côté, les Ursulines, dès leur arrivée en ce pays, avaient commencé à instruire les petites sauvagesses. La relation de 1647. disait que, cette année-là, plus de quatre-vingts avaient reçu leurs leçons. Le « séminaire sauvage, » fondé par la Mère de l’Incarnation, eut toujours un grand nombre d’élèves[1]. Colbert et Louis XIV ne semblaient pas suffisamment renseignés sur tous ces efforts antérieurs, et sur la difficulté de franciser réellement les sauvages. Nous lisons à ce sujet dans l’histoire du monastère : « Cette question a donné lieu à bien des théories et des discussions. Si l’on entend par francisés, des sauvages devenus pieux, bons, charitables, sous l’influence du christianisme, nos Mères ont francisé à peu près toutes les filles qui leur ont passé entre les mains ; mais s’il s’agit d’enfants de la forêt attachés à la vie sédentaire et aux mœurs de peuples civilisés, la généralité des sauvages s’est montrée jusqu’à ce jour peu susceptible de ce genre de progrès. « Un Français devient plutôt sauvage, disait la Mère de l’Incarnation, qu’un sauvage ne devient français [2]. »

La lettre de Talon, datée du 27 octobre 1667, contenait beaucoup d’autres informations, dont nous nous servirons dans le chapitre qui sera consacré aux progrès généraux de la colonie. Mais nous mentionnerons immédiatement le passage dans lequel l’intendant parlait du second dénombrement de la Nouvelle-France. Il avait fait lui-même, disait-il, le recensement des

  1. — Pour ce qui concerne le « séminaire sauvage » des Ursulines, voir l’ouvrage intitulé Les Ursulines de Québec, vol. I, pp. 43, 123, 208, 292, 352, 466.
  2. Ibid., p. 295.