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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/315

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

éprouver aux gens de bien la transformation de la colonie. Mais il y avait de grands sujets d’édification à côté de ces misères, dont quelques-unes étaient inévitables ; et celles-ci ne pouvaient faire oublier les heureux changements, les étonnants progrès réalisés par une administration vigoureuse et éclairée.

Dans le cours de l’été de 1668, une nouvelle assurance de paix fut donnée au Canada. Garakonthié, le célèbre capitaine onnontagué, se rendit à Québec en ambassade avec quatre des principaux de sa nation. Le 20 août, ils eurent une entrevue solennelle avec MM. de Courcelle et Talon. Et le chef « fit cinq présents qui étaient comme les truchements des cinq paroles qu’il parlait. » Par ces cinq paroles il exprimait la reconnaissance de sa nation envers le roi et le gouverneur qui, au lieu de détruire les Iroquois, les avaient seulement châtiés ; il faisait allusion à la perte de quelques guerriers onnontagués, tués par les Andastes ; il demandait des missionnaires ; il protestait de sa fidélité et de celle de sa nation ; il se plaignait des attaques des Loups et sollicitait l’intervention d’Ononthio. M. de Courcelle répondit sur le même ton. Il vanta la puissance de Louis XIV, le grand Ononthio des Français, qui pouvait envoyer au Canada vingt fois plus de troupes qu’il n’y en avait présentement, pour écraser les Iroquois s’ils violaient la paix ; il déplora la perte des guerriers onnontagués ; il promit l’envoi immédiat d’un missionnaire ; il proclama sa confiance aux assurances de fidélité du chef, ajoutant que, si l’Iroquois manquait à la foi jurée, le Français irait chez lui le détruire tout d’un coup sans qu’il restât des vestiges de sa nation ; enfin il déclara qu’il ne craignait pas le Loup, mais que celui-ci préten-