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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/327

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

vants : « Vous apprendrez par le retour de M. Talon que Sa Majesté a rendu la liberté du commerce au Canada, en sorte qu’à présent il pourra recevoir avec plus de facilité les vivres et denrées qui lui sont nécessaires ; mais aussi est-il nécessaire que vous excitiez les habitants à chercher des marchandises qui puissent convier les Français à leur porter des vivres et denrées pour les prendre en échange ; et cela est d’autant plus nécessaire que, y ayant maintenant une très grande quantité de pelleteries dans le royaume, s’ils n’avaient d’autres marchandises à donner par échange, peut-être que les Français se dégoûteraient bientôt de leur porter leurs besoins[1]. C’était pour la colonie un heureux événement, et une grande victoire pour Talon qui bataillait depuis quatre ans contre le monopole. Il avait vraiment communiqué à Colbert sa flamme colonisatrice et obtint de lui à peu près tout ce qu’il voulut.

Le 5 avril 1669, le ministre faisait rendre le célèbre arrêt pour encourager les mariages et les familles nombreuses. Il y était décrété ce qui suit : « Voulant que les habitants du dit pays (du Canada) soient participants aux grâces que Sa Majesté a faites à ses peuples en considération de la multiplicité des enfants et pour les porter au mariage, Sa dite Majesté a ordonné et ordonne qu’à l’avenir les habitants du dit pays qui auront jusqu’au nombre de dix enfants vivants, nés en légitime mariage, ni prêtres, ni religieux, ni religieuses, seront payés des deniers qu’elle enverra au dit pays, d’une pension de 300 livres par chacun an, et ceux qui en auront douze, de 400 livres. Qu’à cet effet ils seront

  1. Lettres, Instructions et Mémoires de Colbert, 3, II, p. 449.