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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/345

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Le même arrêt défendait encore aux sauvages de s’enivrer, les tenait responsables de l’ivresse de leurs femmes, et faisait aussi défense aux Français de s’enivrer avec eux. On permettait aux uns et aux autres d’aller à la chasse dans les bois, mais ils devaient préalablement en obtenir congé du commandant ou du prochain juge, et déclarer ce qu’ils portaient dans leur bagage. La quantité d’eau-de-vie qu’ils pouvaient prendre avec eux ne devait pas dépasser un pot par homme pour huit jours, deux pots pour quinze jours, et ainsi à proportion, sous peine de confiscation de leur équipage et d’amende, la première fois, et de punition corporelle en cas de récidive. Le fléau des coureurs de bois commençait ses ravages, et les chefs de la colonie essayaient de l’enrayer.

Le 19 mars 1669, M. de Bouteroue fit rendre par le Conseil un arrêt fixant le prix du blé. Plusieurs particuliers s’étaient plaints que leurs créanciers refusaient de prendre leur blé en paiement, ou ne le voulaient prendre qu’à un prix ridiculement bas, ce qui les mettait hors d’état de s’acquitter. Conformément à l’avis de l’intendant, le Conseil décréta que, durant trois mois à partir de la publication de l’arrêt, les débiteurs pourraient donner en paiement à leurs créanciers le blé loyal et marchand à raison de quatre livres le minot ; il était défendu de le refuser, comme aussi d’en acheter pour le donner en paiement.

Dans l’été de 1669 la guerre faillit se rallumer entre les Iroquois et les Français. Trois soldats avaient massacré six Onneyouts, après les avoir enivrés pour leur enlever leurs pelleteries. Un peu plus tard trois autres soldats assassinèrent un chef tsonnontouan et volèrent