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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/386

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

du Père Albanel le récit des misères et des fatigues de ce voyage. Arrivés le 18 juin au grand lac Mistassini, ils en sortirent le vingt-deux, suivirent la rivière Nemiskau (ou Rupert), et atteignirent enfin la Baie James le 28 juin. Le Père Albanel harangua les sauvages de cette région au nom d’Ononthio, et leur prêcha les vérités de l’Évangile. Après avoir planté les armes du roi en plusieurs endroits, les envoyés de Talon reprirent le chemin du lac Saint-Jean, où ils arrivèrent le 23 juillet. Le 1er août 1672, le Père Albanel et ses compagnons étaient de retour à Québec après un an d’absence. Ils avaient parcouru huit cents lieues à pied ou en canot, et franchi quatre cents rapides[1].

On a vu plus haut que la découverte d’une communication entre la mer du Nord et celle du Sud (l’Océan Pacifique) préoccupait Talon. C’était le problème du fameux passage du Nord-Ouest qui le hantait deux siècles avant les explorations de Franklin, de McClure, et de leurs émules. Un capitaine Poullet, de Dieppe, lui en avait parlé, et l’intendant lui donna une lettre pour Colbert[2]. Dans l’automne de 1671 d’autres navigateurs l’entretinrent du même dessein. « On me propose, écrivait-il au ministre, de faire passer d’ici à la Baie d’Hudson une barque de soixante tonneaux avec laquelle on prétend découvrir quelque chose de la communication des deux mers. Si les aventuriers qui forment ce dessein ne chargent le roi d’aucune dépense, je leur ferai espérer quelque marque d’honneur s’ils réussissent, outre qu’ils

  1. — Pour ce voyage, voir la Relation de 1672, pages 42 à 50.
  2. Talon à Colbert, 10 nov. 1670. — Arch. prov., Man. N.-F., 2ème série vol. I.