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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/395

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JEAN TALON, INTENDANT

Colbert qui appréciait les immenses services de Talon, et qui, d’un autre côté, estimait le gouverneur, s’efforçait de maintenir entre eux la concorde. « J’écris à M. de Courcelle », lisons-nous dans une de ses lettres à Talon, « sur la conduite qu’il doit tenir, et je ne doute pas qu’il n’entende volontiers les avis que vous lui donnerez sur ce que vous croyez être plus conforme aux intentions et au bien du service du roi[1]. »

Ces froissements et ces malentendus furent-ils la cause du peu d’assiduité de Talon aux séances du Conseil Souverain, où il rencontrait forcément le gouverneur ? Nous l’ignorons ; mais sous ce rapport, le contraste entre ses deux administrations est notoire. Nous avons montré au chapitre neuvième de ce livre que de 1665 à 1668, il fut l’âme du Conseil. De 1670 à 1672, au contraire, il paraît s’en désintéresser complètement ; et pendant ces deux ans, nous ne l’y voyons siéger que dix fois. Durant de longues périodes, du 20 octobre 1670 au 12 janvier 1671, du 21 mars au 5 octobre 1671, et du 5 octobre 1671 au 12 septembre 1672, il n’assiste pas une fois aux délibérations de cette assemblée[2]. Le personnel du Conseil n’était pas absolument le même qu’en 1668. Au mois de janvier 1670, M. de Courcelle l’avait réorganisé[3]. Il y avait appelé deux

    guilliers, sans que les officiers des troupes pussent prétendre aucun rang. » L’armée était battue par le banc d’œuvre. Ne sourions pas trop vite. Ces petites querelles ne sont-elles pas de tous les temps ? Ajoutons que souvent sous ces questions d’étiquette se dissimulait une question de principes.

  1. Colbert à Talon, 11 février 1671.
  2. — Sans doute, Talon fut malade six mois en 1671. Mais il ne fut pas constamment confiné chez lui durant les deux années de sa seconde intendance.
  3. Jugements du Conseil Souverain, I, p. 590.