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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/47

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

de lui voir acheter toutes les places de sa convenance ; alors, point de marine ; aujourd’hui 24 vaisseaux viennent d’être construits, lancés ; on a préparé des galères, etc. Sous cette protection, le commerce multiplie ses vaisseaux. Alors l’art et l’éclat, le luxe étaient chez les ministres ; aujourd’hui chez le roi. Le roi n’avait pas 8,000 livres pour l’embellissement des maisons royales, il vient d’y mettre de 2 à 3 millions[1]. »

Si la situation était si bonne en 1662, elle était encore meilleure en 1665. Et ce fut heureux pour le Canada, vers lequel Louis XIV et Colbert allaient tourner leur attention. Déjà ils avaient commencé à se préoccuper de cette France lointaine qui se débattait depuis trente ans contre l’inertie d’une compagnie impuissante et les agressions sanglantes des hordes iroquoises. Au moment où le soleil du grand règne illuminait et vivifiait la mère-patrie de ses premiers rayons, la colonie fondée sous Henri IV et Richelieu devait-elle rester dans l’ombre glaciale où elle agonisait ? Non, l’influence bienfaisante sous laquelle la France renaissait allait aussi se faire sentir, à travers les mers, jusque sur les rivages du Saint-Laurent.

Vers la fin de l’automne de 1661, trois mois après l’arrestation du surintendant Fouquet, un délégué canadien arrivait à Paris et sollicitait une audience de Louis XIV, qui venait précisément d’inaugurer son gouvernement personnel. Il s’appelait Pierre Boucher, et avait résidé au Canada depuis 1634. Tour à tour, et souvent à la fois, colon, voyageur, interprète, juge et capitaine de milice, il s’était distingué en toutes rencontres par son

  1. — Article Colbert dans le Grand Dictionnaire universel.