Aller au contenu

Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
JEAN TALON, INTENDANT

les qualités nécessaires pour prendre une connaissance parfaite de l’état du dit pays, de la manière que la justice, police et finances, y ont été administrées jusques à présent, en réformer les abus, et en ce faisant maintenir les peuples qui composent cette grande colonie dans la possession légitime de leurs biens et dans une union parfaite entre eux, ce qui pourra produire avec le temps une augmentation considérable de la dite colonie qui est la fin principale où sa dite Majesté désire parvenir. »

Après cette entrée en matière, Louis XIV abordait immédiatement un sujet extrêmement délicat, et manifestait tout de suite la fâcheuse tendance à laquelle lui et ses ministres allaient trop souvent céder dans la question épineuse des relations de l’Église et de l’État. Cet important passage demande à être cité textuellement : « Le sieur Talon sera informé que ceux qui ont fait des relations les plus fidèles et les plus désintéressées du dit pays ont toujours dit que les Jésuites, dont la piété et le zèle ont beaucoup contribué à y attirer les peuples qui y sont à présent, y ont pris une autorité qui passe au delà des bornes de leur véritable profession, qui ne doit regarder que les consciences. Pour s’y maintenir ils ont été bien aises de nommer le sieur évêque de Pétrée pour y faire les fonctions épiscopales comme étant dans leur entière dépendance[1], et même

  1. — C’était mal apprécier le caractère de Mgr de Laval que de représenter ce prélat sous l’entière dépendance de quelqu’un. Il n’était point de cette trempe. Il avait trop de fermeté, trop de détermination, trop d’initiative personnelle, pour être l’instrument de qui que ce fût. Les Jésuites possédaient son affection et son estime ; il les consulta dans les occasions, mais rien de plus. Mgr de Laval se gouverna toujours lui-même.