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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/76

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

trats d’engagement pour trois ans. Le sieur Denis et l’agent de la compagnie sont à bord de ce navire[1]. « Comme nous sommes dans la saison la plus favorable de l’année, fait observer l’intendant, j’ai jugé avec MM. les directeurs pour la compagnie qu’il était à propos qu’ils fissent promptement passer leur agent afin que la dite compagnie puisse par le retour des vaisseaux qui nous porteront recevoir dès cette année quelque fruit de sa dépense. Cet agent est sur le vaisseau qui a fait voile aujourd’hui[2]. »

Le 4 mai, nouvelle lettre à Colbert. Talon y aborde une sérieuse question. La compagnie, dit-il, a voulu empêcher le passage au Canada de certaines marchandises appartenant à des habitants du pays, prétendant que cela était contraire à son privilège de commerce exclusif. L’intendant a répondu qu’il s’agissait de marchandises achetées par eux plutôt pour leur propre subsistance que pour le commerce, et qu’il ne fallait pas mettre les habitants de la colonie sous la fâcheuse impression que la compagnie entendait les réduire à prendre d’elle leur subsistance au prix de ses magasins. Devant ces représentations cette dernière avait cédé. Ce premier incident était assez significatif et pouvait faire présager une future divergence de vues. Après

  1. — Cet agent était le sieur Mille-Edme Le Barroys, conseiller et secrétaire du roi et son interprète en langue portugaise. Il avait été nommé agent général de la compagnie dans toute l’étendue du Canada, « pour gérer et négocier ses affaires et avoir inspection sur tous ses officiers et commis », par une commission datée du 8 avril 1665 — Édits et Ordonnances, III, p. 36.
  2. — Arch. féd., Canada, corr. gén., II.