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Page:Chappellier - Notes sur la Langue internationale, 1900.pdf/28

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Ainsi, d’un côté, une langue pleine de monstruosités, exigeant deux ou trois ans d’études, un séjour d’au moins six mois en France et ne permettant les relations qu’avec une seule nation. De l’autre, un idiome parfait, demandant à peine deux heures pour être compris, et un mois pour être écrit et parlé, et donnant accès dans tout l’univers ! Le jeune Allemand n’aura pas un instant d’hésitation.

J’ai pris comme exemple l’employé d’une maison d’exportation ; mais prenez tout autre employé pouvant avoir besoin d’une langue étrangère : maison d’importation, commerce, industrie… postes, télégraphes, ministère… hôtels, chemins de fer, bateaux… Après les employés prenez leurs patrons… puis les touristes, les marins, etc., en un mot tous ceux qui peuvent avoir besoin d’une langue internationale, — le résultat serait le même.

Au lieu d’un Allemand, mettez un Italien, un Russe… rien ne serait changé.

D’ailleurs, le but avoué de la langue artificielle, sa seule raison d’être n’est-elle pas de remplacer les langues nationales en dehors de leur frontières naturelles, au lieu d’être leur meilleure amie, comme vous le prétendez ?

Certains des adeptes de cette langue artificielle — pas tous — me diront peut-être : Mais la langue française conservera à l’étranger la clientèle des savants, des érudits, des hommes bien élevés.

En êtes-vous bien sûrs ? Parmi les nombreux articles-réclames dont vous avez inondé la presse depuis quelques mois, il y en a bien peu qui ne nous apprennent pas qu’il existe déjà de nombreuses et excellentes traductions en Espéranto. On cite entre autres : la Bible, Homère, Shakespeare, Gœthe, Beaumarchais, Maupassant, etc.

Rien d’étonnant à ce que cet Espéranto puisse permettre « d’excellentes traductions, car vous nous assurez qu’il possède une richesse et une souplesse qui le rendent capable d’exprimer les mille nuances de la pensée humaine aussi fidèlement au moins que les meilleurs des langues nationales, et que sa construction logique et son incroyable facilité lui confèrent une aptitude à reprendre avec une supériorité marquée la place (le rôle ?) que le latin a jouée longtemps