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Page:Chaptal - Discours prononcé à la séance publique de l’École de Santé de Montpellier.djvu/6

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ce grand système de mouvement qui fait de tous les êtres les différens organes d’un grand tout, seront perdus pour lui.

Sans doute, pour aspirer à connoître l’homme, il faut commencer par en étudier la structure : mais la connoissance des organes ne présente encore que les matériaux grossiers des fonctions ; et l’anatomiste, purement nomenclateur, n’est pas plus instruit sur la physique du corps humain que l’individu qui connoitroit parfaitement les noms, la demeure et la profession des habitans de toute la cité, ne l’est lui-même sur le caractère et la pensée de chacun en particulier.

Les connoissances anatomiques ne sont que préparatoires : elles forment la première assise d’un édifice dont tous les matériaux sont animés : et ce n’est plus le scalpel à la main, que nous parviendrons aux sources de la vie, à ses modifications dans les divers organes, dans les divers états, sous différens climats ; ce n’est plus le scalpel a la main, que nous découvrirons le mode de correspondance établi entre nous et les autres corps. Ce n’est plus par l’anatomie, que nous déterminerons l’influence et l’action de l’air, de l’eau, du feu, des alimens sur notre être, et que nous constaterons le jeu des facultés morales et l’empire des passions sur notre physique.

L’anatomiste fait connoître les ressorts à l’aide desquels s’exécutent tous les mouvemens ; il indique les moyens de relations entre les organes ; il détermine l’usage de chaque partie ; mais, sous sa main, tout est froid, tout est inanimé ; le soufle de la vitalité échappe à ses recherches.

Il doit jeter le scalpel loin de lui, pour n’être plus qu’observateur : et ici commence une étude philosophique dont cette École a donné le premier exemple.

Ce ne sont plus les délires d’une imagination mensongère,