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Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/113

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seul ». Ma mère croyait que cette prière m’empêcherait de me marier. Elle le croit encore ou du moins qu’elle m’a empêchée d’être heureuse et de rester avec mon mari.

Elle riait provoquante.

— C’est ainsi que je veux que tu m’aimes et qu’aucune créature…

Elle creusait sa pensée :

— Je suis heureuse, mais je veux plus, l’infini…

— Tu l’auras, tu l’auras, chérie.

— Oh ! j’ai une confession à te faire. Tu vas me gronder ? On a parlé de toi chez Colette, l’autre soir, et je crois bien que je n’ai pas su dissimuler ma confusion. Je me suis mise à rougir comme une couventine prise en faute. Ton père m’a longuement regardée…

— Ne t’inquiète pas pour lui. Il serait le dernier à nous trahir. S’il a deviné quelque chose.

Devant leurs amis, elle laissait parfois, à propos d’une allusion, paraître un commencement de rougeur autorisant chez ceux qui le surprenaient le doute le plus flatteur au sujet de ses sentiments pour Georges. Et l’écrivain lui en avait fait la remarque.

Sylvie avait pris dans sa vie la place de la littérature, presque la place de Dieu. Mais