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Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/90

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Ce fut par Colette qu’il entendit dire que Sylvie avait disparu. La petite enquête à laquelle il se livra discrètement ne fit que confirmer le mystère de ce départ précipité. Il crut comprendre pourtant que les amies de la jeune femme ne s’alarmaient pas outre mesure de ces absences sans explication. Il n’osa reparler à Colette dont il ne voulait à aucun prix éveiller les soupçons. Il éprouva le besoin de revoir Jeanne et les enfants. Son roman progressait. Il se dit qu’il travaillerait aussi bien à la campagne.

Les Hautecroix louaient, depuis deux ans, une maison des champs, — ancienne ferme transformée et modernisée par des citadins qui s’en étaient peu après lassés — située à quelque distance du village, au milieu d’un terrain planté d’énormes pins dont les aiguilles tapissaient le sol rocailleux. L’habitation, aux murs de briques jaunes, juchait au sommet d’une colline aménagée en terrasse et dévalant d’un côté jusqu’à un lac en forme de croissant. Ses larges fenêtres, la véranda entourée d’une moustiquaire qui couvrait sa façade, le terre-plein qui la séparait du chemin avaient plu d’emblée à tout le monde. Chacun y avait sa chambre donnant sur la montagne ou surplombant le lac. La pièce réservée à