Aller au contenu

Page:Charcot - Les Démoniaques dans l’art.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
XI
PRÉFACE.

Dans un recueil représentant tous les saints et saintes de l’année, par J. Callot, on ne trouve pas moins de sept guérisons de possédés.

La plupart de ces figures de possédés créées par l’imagerie religieuse n’offrent guère qu’un intérêt historique, et ne sauraient fournir aucun document sérieux à l’appui de la thèse de l’ancienneté que nous formulions en commençant.

Il n’en est pas de même pour les œuvres des maîtres de la Renaissance. Certaines d’entre elles, celles du Dominiquin, d’André del Sarte, de Rubens, pour ne citer que les plus célèbres, portent avec elles les preuves d’une scrupuleuse observation de la nature. Nous retrouvons dans la figure du possédé tout un ensemble de caractères et de signes que le hasard seul n’a pu réunir, et des traits si précis que l’imagination ne saurait les avoir inventés.

Bien plus, nous pouvons ajouter que, du moins dans les cas particuliers dont il s’agit, le modèle dont s’est inspiré le peintre n’était autre qu’un sujet atteint de grande hystérie, et ce n’est pas une des moindres preuves de la perspicacité et de la sincérité de l’artiste que ce diagnostic rétrospectif d’une affection nerveuse alors méconnue et attribuée à une cause surnaturelle.

D’autres artistes, il est vrai, parmi lesquels se place Raphaël, ont peint des démoniaques dont les convulsions — nous n’hésitons pas à le déclarer, après Charles Bell — ne répondent à rien d’essentiellement réel, ni même de connu.

Nous ne saurions entrer ici dans de plus grands détails relativement aux œuvres des maîtres que nous comptons étudier dans le cours de ce travail.

En parcourant les différentes pièces de notre collection, on peut constater d’une façon générale qu’au fur et à mesure que l’Art, quittant le langage symbolique, se transforme par l’étude détaillée de la nature, la figure du démoniaque dépouille les signes de la convention archaïque ou de la fantaisie personnelle pour revêtir