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fronts, adoucissait les idées après le quotidien. Les passants, un peu lourds, sentaient leurs épaules dégagées de besognes et montaient vers leurs maisons et vers leurs femmes avec de clairs sentiments d’été. Maurice valait bien mieux qu’à l’ordinaire. Un sang alcoolisé coulait dans ses membres avec des moments d’entrain, puis avec des moments de bonté. Pourquoi le cœur des hommes est-il si grand ? « Je suis tout drôle, ce soir, » se disait-il. Il passa devant un grand magasin d’épicerie et, regardant l’étalage, il vit des boîtes de mandarines. Petites mandarines, petits riens avec du jus, vous n’êtes pas faites pour les gueules des marlous. Il passa devant un autre magasin d’épicerie et cette fois-ci regarda s’il y avait encore des boîtes de mandarines. On croit la chose difficile. Il faut d’abord que le coup d’œil soit décisif. Personne ne voit. Il faut alors que le geste soit