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Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/172

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ni assez beau pour choisir ma femme parmi celles que je connais. Tu sais bien que je t’ai prise au hasard. Toi, je pense que tu as eu beaucoup de malheurs, puisque tu tends les bras à tous ceux qui passent. Je me console un peu en pensant qu’un jour c’est moi qui fus ton pain quotidien. Je ne suis pas un savant, je t’ai bien détestée d’abord. Mais un ami m’a dit les paroles que je te répète, j’ai su que le monde était mauvais et que nous étions à plaindre. Tu m’as fait beaucoup de mal. Aujourd’hui, ce mal que tu m’as fait, c’est lui qui doit nous unir. Tu es pour moi la seule femme possible, puisque mon toucher donne la peste.

Berthe répondait.

— Que veux-tu ! C’est notre métier.

Ils dînaient ensemble dans un restaurant à vingt-cinq sous. Salon au premier. Les