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Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/74

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gentille et que tu portes à la confiance. Te voudrais te dire tout ce que je sais. Je suis tout seul à Paris, mais je ne suis pas malheureux, au fond. Je travaille et j’écris chez moi et l’on me répond. C’est maman qui me répond. Elle ne sait pas très bien écrire, mais quand elle dit : « Je t’aime bien, bien, mon Pierre », je sens que les mots pèsent comme des phrases entières.

— Moi, disait Berthe, j’ai perdu ma mère à seize ans. Elle est morte quand j’étais à l’hôpital. On n’a pas voulu que je la voie. Moi, j’étais anémie-chlorotique et ce n’est pas ça qui m’a guérie. Je me disais : À présent que ma mère est morte, je vais avoir de la peine. Je n’ai pas pleuré du tout parce que j’avais trop de mal, mais je sentais sa mort dans tous mes membres. Elle nous aimait bien. Des fois, le samedi, elle disait : Allons, les enfants, je paye le café. Nous descendions au bar avec ma sœur Marthe et ma