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Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/84

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marquèrent leur place de sueur brune sur les draps usés, ce lit des chambres d’hôtels, où les corps sont sales et les âmes aussi.

Berthe, en chemise, venait de se lever. Ses épaules étroites, sa chemise grise et ses pieds malpropres, mince et jaune, elle semblait sans lumière non plus. Par ses yeux bouffis et ses cheveux écartés, au milieu du désordre de la chambre elle était en désordre et ses idées étaient couchées en tas dans sa tête. Les réveils de midi sont lourds et poisseux comme la vie de la veille avec l’amour, l’alcool et le sommeil. On éprouve un sentiment de déchéance à cause des réveils d’autrefois où les idées étaient si claires qu’on eût dit que le sommeil les avait lavées. Quand tu auras dormi, mon frère, tu n’auras rien oublié. Elle ressentit encore ce poids d’angoisse qui, depuis hier, l’empêchait de respirer. Elle se rappela tout,