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Page:Charles - Précoce, 1936.djvu/63

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Elle avait un ami qui, tous les soirs, elle le savait, la rejoignait dans sa chambrette, au sixième ; le matin, elle descendait, les yeux cernés, mais si heureuse… Elle avait envie de l’interroger, de lui demander des détails, des précisions. Elle n’osait pas, par pudeur, par respect des convenances.

En cachette, elle lisait des livres défendus, mais n’y trouvait pas ce qu’elle cherchait ; malgré leur crudité révoltante, ces romans, trouvait-elle, manquaient de précision. Ils l’émouvaient cependant. Elle s’enfermait dans sa chambre, tirait les rideaux, à la hâte se dévêtait, lisait avec frénésie, et bientôt sombrait anéantie, mais pas heureuse… elle espérait mieux que ces plaisirs solitaires.

Pendant toute sa jeunesse surveillée, elle avait espéré des joies extrêmes, des plaisirs troublants, des affolements de pas-