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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/150

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

moulures dont le motif est puisé ailleurs que dans les pratiques pures de la construction. Voyons, en effet, comment un savant architecte-ingénieur nous expliquerait la cannelure par les procédés de l’appareil. « Cet ornement, qui donne beaucoup de l’élégance, dit M. Léonce Reynaud, doit sans doute son origine à une pratique d’exécution. On commençait probablement le travail des tambours de colonnes en leur donnant


Colonne de Ben-Hassan.
Pilier Ben-Hassan.


la forme de prismes ayant pour bases des polygones réguliers d’un grand nombre de côtés, et l’on n’avait ensuite qu’à effacer les arêtes pour obtenir la forme cylindrique. Un aura reconnu que cette opération préliminaire donnait d’heureux résultats quand elle avait été exécutée avec soin, et l’on aura jugé inutile d’aller au delà ; mais les côtés du polygone se rencontrant sous des angles très obtus, il en résultait une certaine indécision dans la forme, et dans la plupart des édifices on y a remédié en les creusant légèrement. De là une ornementation fine et des effets agréablement variés d’ombre et de lumière. »

C’est là sans doute une explication plausible et qui tout d’abord satisfait l’esprit. Cependant, si la cannelure a son origine dans le fait d’épanneler des tambours de marbre ou des piliers de bois pour les arrondir, on ne voit plus la nécessité de la moulure qui représente un anneau. L’idée de faisceau disparaissant, l’image du lien devient superflue, et