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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/165

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ARCHITECTURE.

compris dans l’entablement, ni par conséquent dans l’ordre. Les trois seules parties de l’entablement sont l’architrave, la frise et la corniche. L’architrave, encore une fois, représente la maîtresse poutre ; elle est donc posée horizontalement sur les colonnes. La frise est l’espace occupé au-dessus de l’architrave par la rangée des solives qui s’y appuient et qui la coupent à angle droit, à moins que l’édifice ne soit rond, et qu’alors l’architrave ne soit courbe. La corniche (du grec κορωνίς, achèvement, couronnement) est l’image de la sablière qui portait les chevrons du comble et de la partie saillante disposée comme nous l’avons dit. De toute manière, alors même que la toiture est absente, la corniche a sa raison d’être dans la nécessité d’empêcher l’égouttement des eaux sur les murs ou sur les colonnes de l’édifice. Pour cela, à l’extrémité inférieure de la surface verticale qui est censée couvrir les chevrons, on creuse en dessous un canal dont le bord, taillé à vive arête, s’oppose au retour de l’eau vers l’entablement, et la force de s égoutter plus loin que le pied des colonnes. On voit alors les gouttes d’eau suspendues comme des larmes tout le long de cette partie saillante et verticale, qui, pour cette raison, s’appelle larmier.

Dans l’ordre dorique, la frise a cela de distinctif que le bout des solives qu’on veut rappeler y est accusé par une table saillante. Originairement, selon Vitruve, pour cacher et orner ces bouts de poutres coupées, on y clouait des tringles de bois dont les joints étaient mastiqués avec de la cire. Ces tringles posées verticalement formaient des rainures ; l’artiste grec en a conservé la tradition en creusant sur la table saillante deux canaux et deux demi-canaux qui, répétant les cannelures de la colonne, affirment de nouveau la verticale et produisent un contraste piquant avec les horizontales de l’architrave et celles de la corniche. Ces entailles en biseau, qui semblent gravées avec un burin, s’appellent glyphes, (de γλυφή, gravure), et leur ensemble compose le triglyphe, c’est-à-dire les trois gravures, en comptant sans doute les deux demies pour une.

Dans le principe, les intervalles entre les triglyphes restaient vides, non seulement au-dessus de l’architrave, mais au-dessus du mur correspondant à la colonnade. Aussi appelait-on ces intervalles des métopes, c’est-à-dire des ouvertures intermédiaires (μετά, et όπη, ouverture). Cela résulte clairement d’un passage d’Euripide, dont le sens a été pour la première fois mis en lumière par Winckelmann. Oreste et Pylade se concertant sur les moyens d’entrer dans le temple de Diane pour en enlever la statue de la déesse, Pylade fait remarquer à son ami qu’il existe entre les triglyphes un vide par lequel on peut passer le corps. Mais, dans la suite, ces vides furent bouchés, paru une tablette, si l’édifice était de bois, par une dalle, s’il était de pierre ou de marbre, et cette dalle, un peu en retraite, se trouva un champ tout préparé pour recevoir un ornement. Cependant les plus anciens monuments de l’ordre dorique, les