entrelacs du tore, on remarque de petits trous où étaient enchâssés vraisemblablement, des émaux ou des matières brillantes qui formaient à la colonne comme une couronne de pierreries. Il ne faut pas croire cependant que ce luxe de décoration fit paraître le chapiteau trop chargé. Tous ces détails sont si légers et d’un goût si exquis, leur importance est d’une mesure si heureuse, ils sont sculptés dans le marbre avec tant de délicatesse, qu’on dirait une broderie. »
Si nous continuons d’analyser l’ordre ionique en le comparant au dorique pur, nous voyons les membres supportés se modifier dans le même sens que le support. Au temple de Neptune, à Pæstum, la hauteur de l’entablement est à la hauteur de la colonne comme 3 est à 7. Au temple d’Égine, le rapport est de 5 à 13 ; au Parthénon, il est de 5 à 14 ; au cap Sunium, l’entablement est juste égal au tiers de la colonne. Dans l’ordre ionique d’Athènes, aux temples de la Victoire Aptère et de Minerve Poliade, la proportion a subi un notable changement : le rapport de l’entablement à la colonne est réduit à deux neuvièmes. En d’autres termes, au lieu d’avoir en hauteur le tiers ou plus que le tiers de la colonne l’entablement n’en a pas même le quart. Il y a plus : l’architrave, pour paraître moins lourde, est divisée en trois bandes appelées faces, dont la plus haute est ornée d’un rang de perles et se termine par un talon sculpté eu rais-de-cœur, c’est-à-dire en fleurons et feuilles d’eau, et surmonté d’un listel. Au-dessus règne la frise, qui, destinée le plus souvent à recevoir
rais de cœurs et rang de perles.
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des figures sculptées d’hommes et d’animaux, était nommée pour cette
raison zoophorus par les Latins (en grec ζωοφόρος, qui porte des figures vivantes).
Mais au lieu d’être, comme la frise dorique, en triglyphes et en métopes,
la frise ionique, lorsqu’elle demeure lisse, représente un cours de
planches qui cacherait le bout des poutrelles posées en travers sur l’architrave,
de sorte que là où les Doriens accentuaient la construction et par
conséquent la solidité, les Ioniens la dissimulent, voulant inspirer au spectateur
d’autres pensées. Enfin la corniche, composée d’un larmier avec
son échancrure et d’une cymaise, répète dans sa moulure inférieure les
rais-de-cœur de l’architrave, et dans sa moulure supérieure les oves du
chapiteau, soutenus par un nouveau chapelet de perles[1].
Ainsi l’ordre ionique, poussé à sa perfection par les Athéniens, est en
- ↑ Tous les mots techniques employés ici ont été expliqués précédemment.