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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/194

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN

colonnade et qui portent elles-mêmes sur un piédestal carré. L’édifice est surmonté d’une coupole dont la couverture imite des feuilles de laurier, placées en recouvrement les unes sur les autres. La coupole est couronnée d’un magnifique fleuron à trois branches sur lequel était posé le trépied décerné en prix au vainqueur. Trois hélices ou consoles, portant peut-être des dauphins, se dressaient avec une extrême élégance pour appuyer les volutes du fleuron. Plus élancées que celles de l’ordre ionique, les colonnes ont dix diamètres de hauteur et même un peu plus. Elles ont une base, mais une hase ronde sans plinthe : c’est la base attique, composée, comme nous l’avons dit, de deux tores et d’une scotie. Le fût est cannelé. Les cannelures, séparées par un filet, se terminent, pour plus de richesse, en feuilles d’eau légèrement recourbées. L’astragale, au lieu d’être en saillie, présente un anneau creux dont la cavité était remplie sans doute par un chapelet de bronze. Le chapiteau se compose de deux rangs de feuilles. Les premières, celles d’en bas, sont lisses comme des feuilles d’eau, les secondes ressemblent à des feuilles d’acanthe alternant avec des fleurs à la corolle étoilée. Le cratère du chapiteau ne se laisse voir qu’au-dessus du second rang des feuilles, et sur ce cratère cylindrique se détachent des volutes et les doubles enroulements de la tige centrale. L’abaque du chapiteau a des coins saillants réunis par une ligne concave, et il est orné d’une palmette au milieu de son échancrure.

Vient ensuite l’architrave : divisée en trois bandes comme dans l’ordre ionique, elle est enrichie d’une moulure qui efface l’idée de sévérité robuste que donnait l’architrave dorique dans son indivision et sa nudité. Au dessus règne la frise, qui est un peu moins haute que l’architrave, vu la légèreté particulière que devait offrir lui tel monument. Enfin, la corniche est remarquable par l’emploi des denticules. Or, que signifient les denticules ? Vitruve, nous l’avons dit, les donne comme représentant les chevrons du toit ; mais si les denticules représentaient les chevrons, elles seraient inclinées comme les chevrons eux-mêmes, au lieu que nous voyons les denticules employées ici, et partout, présenter des surfaces parfaitement verticales. D’autre part, si les denticules figuraient les chevrons, elles ne seraient point si rapprochées l’une de l’autre, au point de laisser entre elles un vide moindre que le plein ; enfin, troisième raison, les denticules, dans l’explication de Vitruve, devraient être placées, non pas au-dessous du larmier, mais immédiatement sous la cymaise, laquelle était dans son origine le chéneau qui recevait les eaux du toit et les rejetait en dehors par des orifices. Il ne parait donc pas rigoureusement juste de dire avec Vitruve que les denticules sont une image commémorative des chevrons. Cette image, d’ailleurs, serait inexacte et de pure convention sur les façades de l’édifice qui ne correspondent pas à une des pentes du toit, comme sont les faces antérieure et postérieure d’un temple grec, toujours