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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/37

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DE LA FIGURE HUMAINE.

supporte la tête, offre encore la forme harmonique très agréable du cylindre, composé du cercle et du quadrilatère.

« Ces formes ne sont pas tracées d’une manière sèche et géométrique, mais elles participent l’une de l’autre, en s’amalgamant mutuellement, comme il convenait aux parties d’un tout. Ainsi, les cheveux ne sont pas droits comme des lignes, mais ils s’harmonisent, par leurs boucles, avec l’ovale du visage. Le triangle du nez n’est ni aigu ni à angle droit ; mais, par le renflement onduleux des narines, il s’accorde avec la forme en cœur de la bouche, et, s’évidant près du front, il s’unit avec les cavités des yeux. Il en est ainsi des autres parties, la nature employant pour les joindre ensemble, les arrondissements du front, des joues, du menton et du cou, c’est-à-dire des portions de la plus belle des expressions harmoniques, qui est la sphère. »

Tout ce qui avait, dans les animaux, le caractère de la nécessité, est devenu beauté dans le corps de l’homme. Le torse, enveloppe protectrice de la vie organique, présenterait une masse lourde, s’il n’était évasé avec élégance, varié de parties osseuses et de parties molles, accidenté par les saillies et les dépressions qu’y forment les clavicules et les omoplates, l’attache des bras, les aisselles, le sternum, qui divise la poitrine en deux, et la colonne vertébrale, qui partage le dos en parties égales ; puis les côtes et leurs cartilages, le creux de l’estomac, les deux mamelles pectorales, convexes et arrondies, avec leurs aréoles, les sillons latéraux de l’abdomen, les crêtes iliaques, la concavité des aines, et enfin le nombril, qui est la porte murée de la vie organique, comme les yeux sont les fenêtres ouvertes de la vie animale. Que si la base du corps eût été proportionnée au tronc, elle eût été difforme ; si la jambe n’était pas double, elle formerait une base trop étroite, et si chacune des deux jambes n’eût pas été plus mince que le torse, elle eût été embarrassée de son propre poids et n’aurait pu mouvoir le tronc qu’elle doit porter. Mais le jeu de ces combinaisons mécaniques se cache sous le revêtement d’un tissu qui adoucit toutes les formes, assouplit tous les rouages et marie toutes les courbes imaginables.

Quelle étonnante richesse d’articulations, quelle prodigieuse quantité de formes et de caractères dans les extrémités supérieures et inférieures du corps, c’est-à-dire dans le bras, l’avant-bras et la main, dans la cuisse, la jambe et le pied ! Et à travers cette diversité, combien d’analogies agréables et de consonnances ! Ainsi, le creux des saignées et l’aplatissement de l’avant-bras sont opposés à la saillie des muscles qui recouvrent l’épaule et l’humérus, comme la concavité des cuisses contraste avec le renflement du mollet. De même que l’avant-bras s’amincit près du poignet, de même la jambe s’effile près des malléoles ; passant de la rondeur au méplat, ces deux parties du corps sont l’une et l’autre moins larges de face que de profil. Tandis que les genoux se correspondent