Page:Charles Chaillé-Long - La Corée ou Tchösen.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

du bouddhisme, apportant avec eux la civilisation indo-chinoise ; ils répandirent dans le pays la culture des arts et des sciences ; ils fondèrent les trois royaumes distincts de Koraï, dans le nord ; Hiaksai et Shinrai, dans le sud ; et, vers le viie siècle, Kion-Tchou, la capitale de ce dernier, devenait un centre brillant de civilisation indo-chinoise.

D’après les Annales chinoises, des marchands arabes de la Syrie visitaient la Chine et la Corée, où ils vendaient des objets en verre colorié. Khordadbeh, géographe arabe du ixe siècle, rapporte qu’un certain nombre de ses compatriotes allaient faire du commerce dans un pays connu sous le nom de Sila et situé de l’autre côté de la Chine, en face de Kantou ; plusieurs de ces marchands, ajoute-t-il, s’établissaient dans le pays, d’où ils exportaient du ginseng, des bois de cerf, de l’aloès, du camphre, des clous de girofle, de la porcelaine, de la soie, du zimmit (?) et du galanga (?).

Sila est sans doute l’ancien Shinrai, la province la plus riche et la plus prospère à l’époque de Khordadbeh ; Kantou est le promontoire de Chan-toung à l’est de la Chine et dans la mer Jaune.

Le bouddhisme atteignit la plus haute période d’éclat de 905 à 1392. Le Grand Mongol, Koublai-Khan, en était devenu lui-même un ardent apôtre. La fin du xive siècle marque l’ère de décadence de cette religion. La pureté du dogme s’altère, les monastères qui étaient autrefois le séjour des vertus devinrent des foyers de vice et de corruption. La dépravation et la licence des prêtres de Bouddha excitèrent contre eux de violents murmures, et l’indignation étant arrivée à son comble, le peuple se souleva et en fit un massacre général, tant dans la capitale que dans le reste du pays.

Avec les bonzes périssait la civilisation dont ils avaient apporté les germes, et la Corée fut bientôt replongée dans l’état de barbarie d’où ils l’avaient tirée. Du bouddhisme, il ne resta plus qu’un vague souvenir, et le chamanisme prit sa place. Le chamanisme est la pratique des plus grossières superstitions, l’adoration des esprits de l’air et de la terre, et surtout la crainte du dragon, animal redoutable qui habite les montagnes et exerce un pouvoir absolu sur la vie du Coréen.

Pour donner une idée de ces superstitions je citerai le fait suivant : Sa