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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

sanglier et le cerf. La présence du tigre est un fait à noter ; cet animal, originaire des pays chauds, habite de préférence les jungles qui font pourtant complètement défaut en Corée. Il est de grande taille, sa robe est très belle et son poil long et fourni. Il est la terreur du pays, et il suffit de jeter le cri de horang pour causer un sauve-qui-peut général.

Le gibier de toute espèce est en grande quantité : cygnes blancs, cygnes noirs, oies et canards sauvages, outardes, faisans, perdrix, cailles, bécasses, lièvres se lèvent à chaque instant sous les pas du promeneur.

La principale récolte est celle du riz ; il est d’une qualité supérieure ; on en exporte fort peu ; il arrive même assez souvent que la récolte est insuffisante et que le gouvernement est obligé de venir en aide aux cultivateurs auxquels il fait des distributions de grains. Cette disette provient du manque de pluie dans la saison convenable, et de la sécheresse qui fait périr la plante sur pied.

Le ginseng, tenu en si haute estime en Corée comme en Chine, est un végétal auquel on attribue les vertus du chanvre indien, et ses qualités régénératrices lui donnent une très grande valeur.

Les montagnes de la Corée renferment des mines d’or, mais les quelques essais d’exploitation qui ont été faits n’ont pas encore donné de résultats appréciables. Dès le début, les entrepreneurs se sont heurtés contre les superstitions absurdes du peuple qui sont partagées par le gouvernement même. Le Coréen voit de mauvais œil la moindre tentative faite pour toucher à ces montagnes ; il craint d’irriter le dragon qui, pour se venger du trouble apporté dans son séjour de prédilection, ferait pleuvoir sur le pays les plus grandes calamités.

L’impôt est perçu en nature. Les ressources du trésor proviennent des dîmes prélevées sur les produits du sol, et principalement du ginseng, dont le roi a le monopole. Un système de douane, sur le modèle de celui qui a été établi en Chine par des étrangers, donne une autre source de revenu, celle-là en espèce, mais peu considérable, un million de francs environ, qui sert à payer les employés européens qui forment le corps des douaniers dans les ports de Fousan, Guensan ou Wonsan et Tchemulpo.

L’armée se compose de six bataillons (si l’on peut leur donner ce nom) placés sous le commandement d’autant de généraux qui partagent