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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Le 7, à midi, nous étions de retour à Fousan. Cinq cents milles dans un sampan, les dangers de la mer, la rencontre possible d’un typhon, un heureux voyage à la mystérieuse et terrible île de Quelpaërt, telles furent les causes pour lesquelles notre petit bateau et son équipage, au milieu des simples pêcheurs qui nous souhaitaient la bienvenue avec enthousiasme, furent chaudement félicités de leur heureux retour.

Fousan (35° 6′ latitude et 126° 41′ longitude est de Paris) constitua jusqu’en 1868 un fief de Tshushima. À cette époque, il fut volontairement cédé par le Japon à la Corée. À la suite d’un traité avec le Mikado, en 1876, il fut ouvert au commerce. C’est encore une concession japonaise quant à l’aspect, à la construction et à la population qui comprend 3,000 âmes. La ville indigène coréenne est située à 3,800 mètres de distance, à la pointe de la baie, mais ce n’est qu’une simple réunion de huttes en boue et en chaume.

Le port de Fousan est peut-être le plus important de la Corée : il a un grand commerce d’exportation qui consiste en céréales, haricots, pois, peaux, os, algues marines, poissons, ailerons de requin, tchon-pok secs et coquilles de tchon-pok, chanvre et minerai de cuivre. Son climat est doux et sec, si bien qu’il peut être considéré comme le séjour le plus charmant de la Corée. Le port lui-même est excellent : il est absolument fermé par la côte et l’île du Daim, qui le met à l’abri de la mer et des typhons dont les forces s’épuisent en vain contre cette île majestueuse.

Le consul du Japon à Fousan, M. Murola, est à la tête du conseil municipal de cette ville ; grâce à sa direction intelligente, des rues et des avenues vont être ouvertes, et sous peu Fousan deviendra une station d’été où se donneront rendez-vous les gens de la capitale, dont le climat est insupportable pendant la saison chaude, en raison de l’excessive température et de la malpropreté inénarrable qui distingue Séoul.

Le 19 octobre, je pris passage sur le steamer Takachio Maru pour aller à Guensan ou Wôn-San. et de là à Vladivostok, ville russe située au nord-est de la Sibérie.

Vladivostok va être puissamment fortifié par une série d’ouvrages qui commanderont l’entrée de la baie. Il possède aussi une garnison militaire de soldats cosaques dont le nombre est, dit-on, de quinze mille, et sa popu-