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LA CORÉE OU TCHÖSEN

convoqués. L’acrobate, un garçon de quinze ans, se montra assez habile et se retira au milieu des applaudissements des invités et d’une foule de non-invités qui, attirés par le bruit, entrèrent comme chez eux et ne furent point inquiétés.

Après, les kisangs entrèrent en scène, acclamées par tout le monde. L’orchestre, assis par terre, émit de ses instruments à cordes des sons peu agréables à nos oreilles, mais qui donnent aux Coréens des sensations de rapsodies. Les deux premières qui s’avancèrent se nommaient, d’après ce que me dit M. Tcho : Miung-Chou (bouquet de lumière), et Koum-Wha (fleur en soie) ; c’étaient les danseuses les plus réputées de la Corée. Elles allaient exécuter la danse des sabres. D’abord, elles commencèrent par la pose, les bras étendus, marchant lentement en avant, et puis, en se retirant, touchant alternativement le parquet des pointes du pied et des talons, battant le temps et se balançant, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Deux sabres se trouvaient par terre ; maintenant, aux notes du cumingo, du piri et d’un tambour semblable au darabouk des Arabes, les danseuses s’emparèrent chacune des sabres, et alors commença une bataille feinte entre ces deux adversaires pour se ravir leurs armes ; ce combat devint de plus en plus furieux et dura jusqu’à ce que les deux danseuses tombassent par terre presque évanouies de fatigue mais couvertes d’applaudissements effrénés. Ensuite, il en vint d’autres, et parmi celles-ci : Ok-Tchiou (belle de jade), Koum-Hong (soie rouge), Kouk-Ki (bienheureuse fleur d’automne), Houk-Hi (bienheureuse grue), Tcho-Whei (couleur heureuse), Koum-Wha (velours rouge) et Kioung-Ok (heureuse de jade), et toute la bande alors s’engagea ensemble dans une danse finale, dont le succès fut éclatant au point de vue indigène ; mais quant à nous autres, il était loin d’être à la hauteur de sa réputation, et nous fûmes plus que contents lorsque l’heure arriva, et lorsque, au milieu des cris de nos coolies, nous prîmes place dans nos chaises, laissant M. Tcho à la porte de sa maison, les mains croisées, se donnant à lui-même des poignées de main, comme cela se fait en Corée : Pan anyi Kassio ! (Ami, que la paix soit avec toi !).

La vie coréenne est remplie de cérémonies et de fêtes. Le Tchong-Tcho est le premier jour de l’année ; comme dans l’Occident, on se fait des visites, on s’envoie des cadeaux et, de plus, on consomme une quantité