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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/110

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Il lui dit qu’il était le Sire d’Halewyn.

« Ha, » dit l’orfèvre, « je vous supplie, messire, de me vouloir bien rendre les six vingt florins. »

Mais, il se gaussant de lui : « Mène-moi, » dit-il, « en la chambre où tu musses ton or. »

« Messire, » dit l’orfèvre, « point ne le ferai, ce nonobstant que je vous aie en grande estime. »

« Chien, » dit-il, « si tu ne m’obéis je l’occis et détranche incontinent. »

— « Ha ! » dit l’orfèvre, « ne vacarmez point céans, messire, car je ne suis ne serf ne manant mais bourgeois libre communément. Et si tant est que vous me veuillez ici parforcer, je me saurai revancher, je vous l’affye. »

Lors il le frappa et le bourgeois cria à l’aide.

Ce qu’ouyant, vinrent les apprentis au nombre de six et voyant le Méchant lui coururent sus.

Mais il les battit pareillement à l’orfèvre et leur manda de lui enseigner où était mussé l’or.

Ce qu’ils firent s’entredisant : « Celui ci est le diable. »

Et l’orfèvre plourant : « Seigneur, » dit il, « ne prenez point tout. »

— « J’en ferai à ma volonté, » dit le Méchant, et il remplit son escarcelle.