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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/117

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— « Messire mon fils, » dit la mère, « vous avez, je crois, peu de goût pour cette belle patisserie à l’orge et au fromage, baillez m’en, s’il vous plaît. »

Et le Sire ébahi la lui bailla.

— « Messire mon frère, » dit le puîné, « il est longtemps jà que vous êtes là sis comme empereur, ne vous plairait-il vous dégourdir les jambes nous servant. »

Et le Sire soi levant les servit.

— « Messire mon fils, » dit la mère, « je vous vois présentement docile vous plairait-il me demander pardon de m’avoir fait si longtemps tenir debout comme privée servante, vous baillant à boire et à manger, moi votre mère. »

Et le Sire chut à ses pieds.

— « Messire mon frère, » dit le puîné, « te plairait-il choir à mes pieds pareillement et les baiser pour ce que jadis j’ai fait céans envers toi office de serf. »

— « Je ne veux, » dit le Sire.

— « Tu ne veux ? »

— « Je ne veux, » dit le Sire, et il démarcha d’un pas en arrière.

— « Viens ci, » dit le frère.

— « Je ne veux, » dit le Sire.