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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/133

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La neige était en grande abondance tombée,

Et avait amplement couvert Magtelt et Anne-Mie, lesquelles s’en revenaient d’avoir été porter pierre d’aigle à la femme de Josse, pour qu’elle se la liât à la cuisse gauche et ainsi se soulageât en son proche accouchement.

Et les fillettes entrèrent en la grand’chambre auprès de Roel le Preux et de sa bonne femme,

Magtelt, s’approchant de son père, s’agenouilla pour le saluer,

Et le Sire, l’ayant relevée, la baisa au front.

Mais Anne-Mie demoura en un coin humblement ainsi qu’il convenait à privée servante.

Et il faisait bon voir les deux fillettes couvertes de neige entièrement.

— « Jésus-Maria, » dit la dame Gonde, « voyez-ci les deux folles, qu’ont-elles fait pour être ainsi tout de neige habillées. Au feu vîtement, fillettes ; au feu, et séchez-vous.

— « Silence, femme, » dit le Sire, « vous allanguissez les jeunesses. En mon jeune temps, j’allais par froid, neige, grêle, tonnerre, tempête bravement. Ainsi fais-je encore quand besoin est, et veux-je que Magtelt fasse de même. Merci Dieu ! ce n’est point à feu de bois que se doit réchauffer notre fille, mais à feu de nature