Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 108 —

La dame, allant à lui, dit : « Mon fils, pourquoi n’allez-vous céans, donner le bon soir au Sire votre père ? »

Le Taiseux, sans répondre, entra en la chambre et, marmonnant paroles brèves et colères pour saluer le Sire, s’alla seoir au coin le plus obscur de la chambre.

Et la dame dit au Sire : « Notre fils est fâché, ce crois-je, car il se va seoir loin de nous à l’ombre, encontre sa coutume. »

Le Sire dit au Taiseux : « Fils, viens à la lumière, afin que je voie ton visage. »

Il ayant obéi, le Sire, la Dame et la dolente Magtelt le virent saignant de la tête et du col, baissant les yeux et ne les osant considérer.

La dame s’écria par peur, considérant le sang, et Magtelt vint à lui, et le Sire dit : « Quel a baillé à mon fils la honte en sa contenance, la tristesse en l’âme et les blessures au corps ? »

Le Taiseux répondit : « Siewert Halewyn. »

« Pourquoi, » dit le Sire, « mon fils fut-il présomptueux assez que de s’attaquer à l’Invincible ? »

Le Taiseux répondit : « Anne-Mie pendue au champ de potences de Siewert Halewyn. »

— « Las, » dit le Sire, « pendue notre pauvre servante ! tristesse et honte sur nous ! »