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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/156

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Mais elle n’ouït rien, sinon emmi l’épais silence, le calme son des neigeux flocons tombant coîment comme plumes.

Et elle ne voit rien, sinon l’air blanc de neige tout à fait, et blanche aussi la très-longue route et blancs aussi les arbres désenfeuillés.

Qui ainsi fait flamber ses yeux brun clair ? C’est son beau courage.

Pourquot ainsi lève-t-elle tant droites sa tête et sa couronne ? À cause de la grande force de son cœur.

Qui ainsi soulève sa poitrine ? La dure pensée d’Anne-Mie et du Taiseux battu, et les grands crimes du sire d’Halewyn.

Et sans cesse elle regarde si elle ne le verra point venir, et si elle n’ouïra point le bruit de son coursier.

Mais elle ne voit rien, sinon l’air blanc de neige tout à fait, et blanche aussi la route très-longue et blancs aussi les arbres désenfeuillés.

Et elle n’ouït rien, sinon emmi l’épais silence le calme son des neigeux flocons tombant coîment comme plumes.

Et elle chante.

Puis, parlant à Schimmel, elle dit : « À deux, bon Schimmel, nous allons à un lion. Ne le vois-tu dans sa caverne attendant les passants et dévorant les pauvres vierges ?