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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/159

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Ce qu’ayant fait, s’allait seoir en la neige, le long du chemin, et là levant la tête ullait bien lamentablement.

« Vois-ci, » dit-il, « mon chien qui abaie à la mort, n’en as-tu point de peur, fillette ?

— Je vais, » dit-elle, « à la garde de Dieu. »

Ayant quelque peu chevauché et devisé, ils virent en l’air, se balançant au-dessus d’eux, corbeau de haute taille sus le col duquel s’était bouté furieux petit moineau le becquetant, poignant, déplumant et pépiant de male rage. Blessé, navré, volant de ci, de là, à droite, à gauche, en haut, en bas, butant contre les arbres aveuglément et coassant l’angoisse, le dit corbeau s’en vint cheoir mort et les yeux crevés sus la selle du Méchant finablement. Il, l’ayant considéré, le jeta sus le chemin ; ce pendant que le moineau s’était allé jucher sus un arbre et là se secouant le pennage allègrement pépiait à plein bec en signe de victoire.

« Ha, » dit Magtelt riant au moineau, « tu es de noble lignée, gentil oiselet : viens-ci, je te donnerai belle cage voulentiers et l’engraisserai du plus fin froment, millet, chanvre et chènevis.

Mais il entra en grande colère : « Petit manant orgueilleux ! » dit-il, « que ne t’ai-je ès lacs ! tu ne chifflerais long temps ta victoire sus ce noble corbeau. »

Entretandis, le moineau pépiait sans trève et ainsi