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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/177

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s’éclatant en sanglots fondant en larmes et embrassant Magtelt bien étroitement :

« Ha ! ha ! » s’exclama-t-elle, « baise-moi, baise-moi, mignonne ! Elle a tué le Méchant, la douce fillette, et le rossignol a vaincu le lanier ! Ma fille est céans revenue, céans ma fille, Noël ! Merci à Dieu qui aime les vieilles mères et ne les veut point vides de leurs enfants, Noël ! Voyez-ci Magtelt la belle, Magtelt la chantante, Magtelt la joyeuse, Magtelt la folliante, Magtelt la glorieuse, Magtelt la victorieuse. Magtelt ma fille, mon enfant, mon tout, Noël ! »

Et Magtelt lui souriait, la caressant et flattant des mains bien doucement.

Et la dame Gonde plourant de grand aise se laissait faire sans plus sonner mot.

« Ha ! » dit le Sire Roel, « je ne vis oncques ma femme à semblable fête, puis soudain s’écria :

« Fête, » dit-il, « ce doit être au jour d’hui fête céans, la grande fête des de Heurne ! »

Et il ouvrit la porte à fin d’appeler ses pages, écuyers, hommes d’armes et tout son domestique.

Mais ils se tenaient tous contre, n’osant entrer.

« Or çà, » dit le Sire, de sa voix la plus forte et joyeuse, « où sont coquassiers et coquassières ? où sont chauderons, poëles et coquasses ? où sont pipes, tonne-