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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/180

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les mains sus la bedaine coîment et allègrement : « Par Artevelde ! quels tambours, tambourins, fifres, violes et cornemuses valent, quant à la céleste musique, mes marteaux battant, mes enclumes gémissant, mes soufflets souffant, mes bons manouvriers chantant et forgeronnant ? »

Puis parlant à tous : « Courage, » disait, « enfants ! qui dès l’aube bien besogne, à vêpres n’en boit que mieux. Quel est-ce bras mol qui, là-bas, frappe de son marteau tant coîment ? Cuide-t-il battre œufs, cettuy éréné ? Aux barres, Dolf, elles fondent en eau. À la cuirasse, Pier, bats-la nous bien platement : fer bien battu est remède à balles. Au soc de charrue, Flipke, et fine besogne : de charrue sort le pain du monde. À la porte, Toon, vois-ci venir l’efflanqué bidet de don Sancio d’Avila, le sire à l’aigre trogne, mené par son efflanqué écuyer, qui le vient faire ferrer sans doute : qu’il paie double cettui-là, pour sa hauteur espaignole et son âpreté aux communes gens ! »

Ainsi allait Smetse en sa forge, chantant souventefois et chifflant lorsqu’il ne chantait point. Au demourant gagnant beaux royaux, proufitant en santé et buvant en l’auberge de Pensaert bruinbier, à vêpres, voulentiers.