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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/189

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Mais il n’en avait point plus grande joie le bon forgeron, car il était à chaque jour plus besoigneux, ayant jà, ensemble avec sa femme, dépensé le secours du métier et aussi une petite somme d’argent venue de Middelburg en Walcheren.

Bien marri de devoir pour exister gueuser et mendier et ne sachant point porter cette honte, il résolut de se défaire.

Adoncques de nuit il quitta son logis, s’en fut aux fossés de la ville, lesquels sont bordés de beaux arbres branchus jusques à terre ; là, il s’attacha une pierre au col, recommanda son âme à Dieu, et, démarchant de trois pas en arrière afin de mieux sauter, se lança.

Mais il fut courant, soudain arrêté par deux branches, lesquelles, tombant sus ses épaules, s’y appliquèrent comme mains d’homme et le clouèrent sus place. Ces branches n’étaient ne froides ne dures, comme est de nature bois, mais souples et chaudes. Et il ouït au même instant une voix étrange assez et ricassante disant : « Où t’en allais-tu, Smetse ? »

Mais il ne put répondre à cause de son grand ahurissement.

Et non obstant qu’il ne fit point de vent, le tronc et la ramure de l’arbre mouvaient et oscillaient comme