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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/20

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iv
préface

Smelse Smee et sa femme, le sire Roel et la dame Gonde, Magtelt et Toon le Taiseux représentent les faces les plus brillantes de ce beau caractère, la jovialité, la naïvelé fine, l’énergie constante, l’honnêteté, le courage, les passions concentrées, l’expansion rare et pareille à une éruption de volcan.

Bien qu’écrites en français dans une langue pure et maniée habilement, sauf quelques légers lapsus, les Légendes de M. De Coster sont tellement locales, que, traduites en flamand, elles paraîtraient sans doute, sous cette transformation, être l’œuvre originale. Ce sont, en effet, les pensées et les sentiments du Nord reproduits dans un idiome méridional. Cette combinaison de deux éléments contraires en apparence a dû coûter à l’auteur un long et difficile travail dont il est sorti victorieux.

M. De Coster n’a pas cherché ses modèles hors de chez lui : c’est là un grand bien, un élément de force et de talent. Qu’il continue donc, mais dorénavant dans la langue de son propre temps, à peindre sa patrie : l’âme du poète n’a vraiment chaud qu’au foyer paternel et n’est vraiment à l’aise que là où elle a vécu, aimé et souffert, au milieu des amis et des ennemis accoutumés, et sous un ciel dont elle connaît la rigueur et les caresses.

Émile DESCHANEL.