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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/210

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voici bien joyeux de voir ton feu rallumé et de besogner derechef pour toi qui nous fus toujours si bon maître. »

« Par Artevelde ! » dit Smetse, « ils y sont tous : Pier, Dolf, Flipke, Toon, Hendrik et les autres. Bonjour, garçons ! » et il leur serra la main, « nous allons boire. »

Cependant qu’ils buvaient, la femme dit soudainement branlant la tête : « Mais on ne vous a point mandés, vous autres ! n’est-il point, Smetse ? »

— « Femme, femme, » dit le forgeron, « ne te saurais-tu jamais taire ? »

— « Mais, » dit-elle, « je ne mens point, mon homme. »

— « Tu, » dit-il, parles sottement de choses dont tu n’eus oncques connaissance. Demeure en ta cuisine et ne le coule point en ma forge. »

— « Baesinne, » dit Flipke, « sans vous vouloir contredire, je vous dois affier que l’on nous a tous mandés de par le baes : car un homme est venu cette nuit frapper ès portes de nos maisons, criant que nous devions chacun nous en venir céans, pour besogne pressante, sans y fallir, à ce matin, et qu’il nous serait pour ce baillé à chacun un royal pour le dédit de nos divers maîtres. Et tous nous l’avons fait, voulant ne laisser point notre baes en la peine. »