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Étant remplis les paniers et l’animal ferré, l’homme dit à Smetse : « Forgeron, je te veux, pour ce que tu es si bon, récompenser, car tel que tu me vois j’ai grande puissance. »

— « Oui, » dit Smetse sous riant, « je le vois assez. »

— « Je suis, » dit l’homme, « Joseph, mari nominal de la très-sainte Vierge Marie, laquelle est sise sus ce banc, et cettuy enfant qu’elle tient ès bras est Jésus, ton sauveur. »

Smetse, bien ahuri à ce propos, les considéra avec grande anxiété, et vit autour de la tête de l’homme nimbe de feu, à la femme couronne d’étoiles, et à l’enfant beaux rayons plus brillants que soleil, lesquels issant hors sa tête la ceignaient de clairté.

Lors il chut à leurs pieds et dit : « Monseigneur Jésus, madame la Vierge, monsieur Saint Joseph, baillez-moi pardon de mon doute. »

Ce à quoi monsieur Saint Joseph répondit : « Tu es brave, Smetse, et bon pareillement. Pour ce, je te baille permission de faire trois vœux, les plus gros que pourras, monseigneur Jésus les prétend exaucer. »

Smetse, ouyant ce, fut bien joyeux songeant qu’ainsi peut-être il se pourrait sauver du diable ; mais il n’osa toutefois avouer qu’il lui avait baillé son âme, et il demoura