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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/228

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Et la femme s’en fut, revint bientôt et mit le couvert.

Cependant qu’ils bauffraient, « Ha, messire, » dit Smetse, « Je vous reconnus bientôt à votre unique façon de dire « À la potence ! » et aussi à cette corde qui finit votre vie si féloniquement. Car Notre Seigneur l’a dit : « Celui qui aime la corde périra par la corde. » Messire Ryhove fut bien traître et méchant envers vous, Car outre la vie il vous ôta la barbe qui était belle. Ha, ce fut vilaine action traiter un bon conseiller comme vous étiez en ce temps où vous dormiez si coîment et paisiblement au Conseil de sang, je veux dire des troubles, parlant avec respect, et vous éveilliez seulement pour dire : « À la potence ! » et vous rendormir après. »

— « Ha, » dit le diable, « c’était le bon temps alors. »

— « Oui, messire, » dit Smetse, « temps pour vous de puissance et richesse. Ha, nous vous devons beaucoup : l’impôt du dixième, coulé en l’oreille à l’empereur Charles ; l’arrêt de messires d’Egmont et de Hornes, écrit de votre belle main, et plus de vingt cents personnes qui de votre fait périrent par le feu, le fer et la corde ! »

— « Je n’en sais le nombre, » dit le diable, « mais