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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/249

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et confondus. Mais on ne voyait couler le sang, ce qui était cas merveilleux. Soudain, cependant que les manouvriers, las de frapper, prenaient haleine, une voix faible issit hors de cette platelée d’os, de chair et de fer, disant :

« Tu as les sept ans, Smetse. »

— « Adoncques, Monseigneur, » dit le forgeron, « signez la quittance. »

Ce que fit le diable.

— « Et maintenant, » ajouta Smetse, « que votre Altesse se daigne lever. »

À ce propos, par grand prodige le diable reprit sa forme ; mais comme il s’en allait levant la tête avec haut orgueil et ne daignant regarder à ses pieds, il butta contre un marteau gisant à terre et chut sus le nez bien honteusement, donnant ainsi à rire à tous les manouvriers, lesquels n’y faillirent point. S’étant ramassé, il les menaça du poing, mais ils s’éclaffèrent de rire davantage ; il vint sus eux, grinçant des dents ; ils le huèrent ; il voulut frapper de son épée un court petit trapu manouvrier, mais cettuy-ci lui ôta l’épée des mains et la rompit en trois morceaux ; il en frappa un autre du poing au visage, mais cettuy-là lui bailla si bon et vaillant coup de pied qu’il l’envoya s’étendre sus le quai les jambes en l’air. Là, plourant de honte, il