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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/27

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« Las, las ! soyez patient un petit, monsieur le diable, vous boirez demain ma tant bonne cervoise. Elle m’a coûté bien des peters d’or, monsieur, et je vous en baillerai une pleine pipe. — Voyez-vous point qu’il ne me faut étrangler cette nuit, mais demain seulement si je ne tiens parole. »

Et ainsi larmoya il jusques au chant du coq, lequel oyant et ne se sentant point mort, il récita matines joyeuses.

Au nouveau soleil, s’en fut lui-même quérir hors la cave la pipe de cervoise, la plaça sur le gazon, disant : « Voici à boire du frais et du meilleur. Je ne suis point chichart ; adoncques ayez pitié de moi, monsieur le diable. »

III.

À la troisième heure, survint Blaeskack et prit nouvelles. — Mais comme il s’en voulait aller, il fut arrêté par Pieter Gans, lequel lui dit : « Ayant célé le secret aux miens serviteurs, de peur qu’ils n’en aillent caqueter à l’ecclésiastique, je suis comme seul en la maison. — Il ne faut donc si tôt partir, car il peut advenir céans quelque méchante affaire, et pour lors il fera bon avoir