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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/43

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chef horrifiquement, s’écriant : « Sus, sus aux ivrognes, il les faut dauber, il les faut pendre. »

— « Nenni, » dit Wantje avec les jeunes et belles, « nous aimons mieux être nous-mêmes battues. »

— « Voyez-ci ces soltes, » ullèrent les vieilles, « ces sottes niaises. Elles n’ont point, en tout leur corps, fierté pour une once. Laissez-vous mal mener, brebis douces. Nous vengerons en votre lieu la féminine dignité par ces ivrognes conspuée. »

— « Point ne le ferez, » dirent les jeunes, « tant que nous serons là. »

— « Nous le ferons, » ullèrent les vieilles.

Subitement une jeune et joyeuse commère s’éclaffant de rire :

— « Comprenez-vous point, » dit-elle, « d’où vient à ces sorcières celle ire tant grande et ce désir de vengeance ? C’est pure vantardise et pour nous faire accroire que leurs esrénés maris leur ont encore chansons à chanter. »

À ce propos, le camp des vieilles gaupes fut en tel émoi qu’il en fut qui moururent là de rage subitement. Autres ayant brisé leurs selles en voulurent occire les jeunes qui riaient d’elles (et c’était jolie musique toutes ces frisques et folliantes voix), mais la dame Syske les en empêcha, disant qu’il fallait chez elle se consulter et non s’occire.