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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/45

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Lors subitement se levèrent tous les buveurs et vinrent à la porte ; aucuns ès mains tenaient bouteilles, autres brandissaient flacons, autres sonnaient de leurs beaux gobelets carilloniquement. Blaeskaek issit hors la salle, et s’arrêtant sus le chemin : « Ça, » dit-il, « donzelles, qui vous mène céans avec tout ce bois vert ? »

À ce propos, les jeunes laissèrent choir à terre leurs bâtons, car elles étaient honteuses d’être surprises en cet équipage.

Mais une vieille, brandissant le sien en l’air, répondit pour les autres : « Nous vous venons, ivrognes, conter nouvelles de bâtons et châtier comme il convient. »

— « Las ! las ! » ploura Pieter Gans, « je reconnais bien la voix de ma mère-grand. »

— « Tu l’as dit, pendard, » s’exclama la vieille.

Cependant que les Bonnes Trognes, ouyant ce, secouaient allégrement leurs joyeuses bedaines, à force de rire ; Blacskaek disait : « Adoncques entrez, entrez adoncques, commères, que nous voyions la façon dont vous nous dauberez. Avez-vous bons bâtons de bois vert ? » — « Oui. » — « J’en suis aise. » — « Nous, nous tenons ici pour vous bonnes verges, bien ointes de vinaigre, desquelles nous fouettons les garçonnets mal obéissants. Ce vous sera plaisir céleste d’être ainsi