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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/50

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X.

Ce nonobstant, le fait n’advint qu’une fois seulement ; car au lendemain les buveurs chopinant en la Trompe et les bonnes femmes y étant venues pour les en tirer, furent chassées honteusement.

Pour ce qui est d’eux, ils buvaient et chantaient noëls joyeux.

Maintes fois survint la veille de nuit leur enjoindre de ne point mener si grand tapage après le soleil couché. Ha, ils l’écoutaient bien respectueusement et semblant tout confits en repentance de leur faute : ils disaient leurs meâ culpâ ; entretandis, ils lui boutaient à boire tant amplement que la pauvre veille, issant hors, s’en allait faire sa ronde contre quelque mur, et là ronflait comme viole. Eux poursuivaient leurs buveries et lourds sommeils, ce dont les dolentes épousées ne cessaient de se lamenter. Et ainsi pendant un mois et quatre jours.

Mais le grand mal était que le bon duc avait guerroyé avec monseigneur de Flandres et nonobstant que la paix fût faite, il restait encore sus pied une bande de faquins et ribauds, gâtant le pays et robbant le bonhomme.